une chambre à soi
On y entre en déchirant les fleurs ocre pâle d’un papier peint fatigué. L’épaisseur de la porte se révèle. Les doigts peinent à faire pivoter le battant. Il n’y a pas de poignée à la porte de mon boudoir. Là, je peux ourdir les plus doux des sirops. Ecriture d’os et de mots, d’or et de désords, de muscles et de peaux, pour dire le bourbier du monde. Dans mon boudoir enfermée, ouvre et sors. Dans mon boudoir enfermés, une prêtresse en bleu de chauffe, une quarantaine orientaliste, des indiens las, des enfançons nés (puis morts), des sursauts de dignité, des accents dramatiques et beaucoup de pistes perdues entre Texas et Nord Isère. Dans mon boudoir, enfermée, je fais désapparaître, diviner et secrèter en une exacte absence. Je souffle et m’essoufle dans le boudoir masqué. La porte, je la griffe, elle n’a pas de poignée, alors, je la laisse béante, au cas où, quand je pars.